Mal-aimés à tort malgré les services qu’ils rendent, les mille-pattes pourraient se révéler plus d’une centaine d’espèces en Bourgogne-Franche-Comté.

Qui sont les mille-pattes ?

Ce sont des arthropodes* au corps allongé divisé en de nombreux segments et dotés de multiples pattes. En France, si certains peuvent avoir plusieurs centaines de pattes, aucun n’en a cependant mille. Ils se répartissent principalement en deux sous-groupes : celui des diplopodes et celui des chilopodes. Essentiellement détritivores, les diplopodes possèdent deux paires de pattes par segment. Ce sont notamment les iules et les gloméris. Prédateurs, les chilopodes ont seulement une paire de pattes par segment et sont souvent de couleur rouge. Leur première paire de pattes est transformée en crochets, les forcipules, qui servent à injecter du venin aux proies. Parmi eux figurent les scutigères et les scolopendres.

Sont-ils dangereux ?

Aucune espèce française ne représente un danger. Seule la morsure de la Scolopendre annelée est réputée douloureuse, mais elle demeure bénigne et ne peut survenir que si l’animal se sent menacé. Fréquentant les garrigues du sud, elle n’est pas présente dans notre région. Certaines espèces locales peuvent sécréter un liquide nauséabond comme moyen de défense, sans gravité pour l’humain. Malgré leur caractère inoffensif, les mille-pattes sont mal considérés alors que ce sont de super auxiliaires. Les diplopodes recyclent la matière organique en terreau et les chilopodes régulent les insectes au profit des jardiniers. Ils sont aussi capables de capturer les mouches dans nos maisons. La Scutigère véloce a même la rare faculté de s’attaquer à la Punaise des lits.

Combien d’espèces sont recensées en Bourgogne-Franche-Comté ?

99 espèces sont pour l’instant répertoriées. La publication d’un état des lieux des connaissances régionales a récemment favorisé les prospections de manière fructueuse. Bien que la région soit encore sous-prospectée par rapport à d’autres, le nombre d’espèces trouvées laisse penser que nous avons la chance d’avoir une belle diversité spécifique. Beaucoup restent à découvrir. La détermination des mille-pattes est complexe, mais même un non-spécialiste peut participer à son niveau en prélevant des spécimens et en les conservant dans de l’alcool avant leur transmission. Dénicher des individus demande de regarder sous les cailloux, les souches, les écorces, ou de tamiser le sol. Même si c’est en forêt que l’on rencontre le plus d’espèces, ce sont des animaux que l’on peut potentiellement croiser partout, des pelouses jusqu’au bord des cours d’eau.

Mathurin CARNET, Entomologiste à la Société d’histoire naturelle d’Autun-Observatoire de la faune de Bourgogne

Si certaines espèces de mille-pattes sont ubiquistes, d’autres sont spécialistes et sont révélatrices de la nature et de la richesse d’un milieu. Actuellement, il n’existe pas de liste aidant à prendre en compte la biodiversité des sols à l’échelle régionale. Or la diversité des espèces de mille-pattes est conséquente tout en étant abordable, ce qui pourrait en faire de bons bio-indicateurs pour mieux protéger les espaces naturels et leurs sols. Par ailleurs, les enjeux de conservation des mille-pattes apparaissent intrinsèquement importants quand on sait que beaucoup sont endémiques* à une région. Une liste rouge nationale des espèces menacées selon la méthodologie de l’UICN* est en cours de préparation et pourra donner, à cet égard, une image plus complète des mille-pattes français.

Pour aller plus loin

Pour en savoir davantage sur les mille-pattes, retrouvez en replay l’intervention passionnante de Mathurin CARNET réalisée à l’occasion des 19^e Rencontres BFC Nature.

URL vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=2ujxK_ePqcU

Vous trouverez également toutes les conférences de ces Rencontres dédiées aux sols vivants sur la chaîne YouTube de Bourgogne-Franche-Comté Nature ou sur le site internet www.bfcnature.fr/les-rencontres/ en cliquant sur le bouton Replay