Sylvae, un vent de liberté sur les vieilles forêts
Publié par Bourgogne-Franche-Comté Nature, le 15 avril 2025 14
En entreprenant des acquisitions pour une gestion la plus minimaliste possible, le Conservatoire d’espaces naturels participe à garantir l’avenir de forêts patrimoniales.
Qu’est-ce que Sylvae ?
C’est un programme porté par les Conservatoires d’espaces naturels* depuis 2023 et jusqu’en 2029. Son but est d’identifier les plus vieux massifs forestiers français et d’y acquérir des îlots pour les placer en libre évolution, c’est-à-dire n’y effectuer aucune intervention sur la végétation. Les enjeux sont multiples : ce sont des forêts particulièrement riches en espèces, notamment grâce au bois mort qui accueille 40 % de la biodiversité forestière. Elles sont beaucoup plus résilientes face aux perturbations comme celles liées au dérèglement climatique. Ce sont d’importants pièges à carbone pour lutter contre les émissions de gaz à effet de serre. Enfin, elles représentent un patrimoine culturel et historique, certaines remontant à l’époque médiévale, voire au-delà.
Comment Sylvae est-il décliné en Bourgogne ?
40 % de la surface bourguignonne est couverte de forêts, pour beaucoup publiques. Nous nous concentrons sur des massifs forestiers surtout privés, au sein de territoires où préexistent une dynamique partenariale et une volonté commune de préserver les vieux bois : la Puisaye dans l’Yonne, le Morvan et le Beaujolais en Saône-et-Loire. Nous ciblons les forêts qui sont au moins âgées de 200 ans, celles qui comportent du gros bois et du bois mort, et/ou qui sont à proximité des sites d’ores et déjà protégés et gérés par le Conservatoire de Bourgogne. Après une analyse parcelle par parcelle, nous nous rapprochons des propriétaires. Une démarche similaire est en cours côté Franche-Comté.
Où en est l’avancement ?
Depuis le début du programme, nous avons déjà acheté 35 ha, un résultat très positif alors que cette première phase du programme était essentiellement consacrée à la stabilisation des connaissances. Maintenant, l’action foncière s’intensifie. Nous concrétisons actuellement l’acquisition de 3 ha sur la commune morvandelle de Brassy. Beaucoup de propriétaires sont réceptifs, mais cela ne débouche pas forcément sur des ventes. Ainsi, des Obligations réelles environnementales*, comme pour des parcelles forestières du Signal de Mont, sont proposées aux propriétaires intéressés mais ne souhaitant pas vendre. En parallèle, la recherche de fonds se poursuit, via des réponses à des appels à projets et du mécénat. Le 21 mars, à l’occasion de la Journée internationale des forêts, les Conservatoires d’espaces naturels de Bourgogne-Franche-Comté ont lancé une grande campagne d’appel aux dons pour Sylvae : chacun peut agir !

Samuel GOMEZ, Coordinateur du programme Sylvae au Conservatoire d’espaces naturels de Bourgogne
En Bourgogne-Franche-Comté, selon l’IGN*, seulement 5 % de la surface forestière comporte des forêts anciennes et matures. Nos acquisitions donnent à voir des forêts très différentes de celles qui nous environnent communément. Des panneaux sensibilisent les promeneurs et les avertissent des risques, par exemple de chutes de branches. En 2003, la ville d’Autun a acquis la forêt de Montmain en association avec le Conservatoire d’espaces naturels de Bourgogne et le Groupement forestier pour la sauvegarde des feuillus du Morvan, afin de la préserver de son exploitation commerciale et du risque de disparition. La propriété du Conservatoire, 70 ha environ en libre évolution, constitue pour nous un modèle. Le peuplement se structure naturellement, avec à la fois de très gros arbres et de jeunes pousses qui régénèrent la forêt. Nous venons d’y achever un inventaire des coléoptères qui a dénombré pas moins de 94 espèces, certaines encore inconnues sur la région.