Les euphorbes prostrées, discrètes citadines
Publié par Bourgogne-Franche-Comté Nature, le 27 mars 2024 360
Une vaste exploration régionale reste à conduire pour entrevoir où poussent de petites plantes pourtant proches de l’Homme, les euphorbes prostrées.
Qui sont les Euphorbes ?
Elles correspondent au principal genre qui compose la grande famille des Euphorbiacées. Toutes produisent un latex blanc irritant lorsqu’on les coupe. Il existe une cinquantaine d’espèces d’euphorbes en France, dont quelques-unes facilement observables et bien connues, comme l’Herbe à taupe, l’Euphorbe réveille-matin, ou encore l’Euphorbe characias. Les milieux d’implantation sont très variés selon les espèces : l’Euphorbe palustre, protégée, est exclusivement une habitante des prairies humides, tandis que l’Euphorbe petit-cyprès pousse dans les pelouses sèches et que l’Euphorbe à feuilles d’amandier investit la lisière des forêts.
Qu’est-ce qu’une euphorbe dite « prostrée » ?
On peut informellement diviser les euphorbes en deux groupes : les dressées et les prostrées. Annuelles, ces dernières possèdent de petites feuilles et croissent plaquées au sol. Sur les neuf espèces de ce sous-groupe présentes en France, cinq ont été répertoriées en Bourgogne-Franche-Comté. Elles ne se développent qu’en l’absence d’une compétition végétale importante, là où leurs graines peuvent aisément germer, sur des terrains dénudés souvent liés aux activités humaines qui y ont chassé la plupart des plantes vivaces : bords de routes, trottoirs, interstices de murs, voies ferrées, massifs horticoles… Peu de données existent pour se faire une idée précise de la répartition des euphorbes prostrées sur la région, largement sous-observées. Les données historiques sont également rares et le savoir botanique a évolué : il y a une cinquantaine d’années, certaines d’entre elles étaient regroupées sous le même nom d’espèce.
Comment combler ce manque de données pour mieux appréhender cette biodiversité ?
Un gros travail de prospection doit être mené, en particulier en milieu urbain. L’identification des espèces est certes délicate : on doit observer des détails tels que la pilosité de la capsule renfermant les graines. Pour autant, chacun peut contribuer au repérage de ces euphorbes, en se lançant par exemple dans un programme de science participative comme « Sauvages de ma rue », porté par le Muséum national d’Histoire naturelle et qui cible les plantes sauvages en ville. Par le biais d’une application mobile et avec l’aide d’outils en ligne accessibles, même des non-botanistes peuvent aider à compléter la cartographie avec de nouvelles stations.
Johann LALLEMAND, Chargé d’étude préservation du patrimoine naturel au Jardin de l’Arquebuse de Dijon et botaniste indépendant chez Flore.Biodive21
La majeure partie des euphorbes prostrées de France sont d’origine américaine, à l’image de l’Euphorbe tachetée, la plus répandue sur la région, dont les feuilles parfois maculées de taches pourpres la rendent reconnaissable sans doute possible. De manière vraiment plus ponctuelle pour le moment, on rencontre l’Euphorbe figuier de terre, qui, elle, est endémique : elle provient du bassin méditerranéen. Seules trois stations sont connues en Bourgogne-Franche-Comté. On sait l’espèce établie dans le jardin de l’Arquebuse à Dijon au moins depuis 1995 sans qu’elle n’y ait été plantée. Jusqu’alors rare au nord de Lyon, elle tend à se répandre et devrait se montrer adaptée au changement climatique puisqu’elle affectionne les milieux secs et chauds.
« Pour en savoir plus… »
De nombreuses informations sur les euphorbes avec un focus sur les euphorbes prostrées de la région sont à lire dans le n° 35 de la revue Bourgogne-Franche-Comté Nature.