La Réserve naturelle nationale de l’Île du Girard

Publié par Bourgogne-Franche-Comté Nature, le 27 août 2024   180

Au point de rencontre entre deux rivières emblématiques de Franche-Comté, se niche un îlot de biodiversité riche de sa situation entre terre et eau.

Comment se présente la RNN de l’Île du Girard ?

Située dans le Jura à la confluence du Doubs et de la Loue, elle a été créée en 1982 pour préserver ses milieux alluviaux* remarquables. 41 de ses 135 hectares sont aquatiques. Sur un territoire en forme d’olive, forêt de bois tendres dominée par les saules et les peupliers, prairies et zones humides se juxtaposent, entourées d’un côté par le Doubs, de l’autre par les bras morts de la rivière.

Quelles espèces fréquentent la RNN ?

Les prairies dites « séchardes », qui poussent sur un substrat de seulement 5 centimètres en dessous duquel se trouvent des cailloux, abritent des plantes patrimoniales comme l’Ophrys abeille, une orchidée, et l’Ophioglosse commun, une rare fougère de 4 centimètres qui évoque une fleur d’arum. Le Bruant proyer a récemment fait son apparition, un oiseau protégé dont on compte 6 couples nicheurs. À proximité de l’eau, on rencontre plus de vingt espèces de libellules, comme l’Æschne paisible, un papillon d’intérêt communautaire en Europe, le Petit mars changeant, et des oiseaux comme l’Hirondelle de rivage, le Guêpier d’Europe, ou le Petit gravelot. Depuis des travaux de restauration de la confluence, l’avifaune s’est diversifiée. Le Castor a bien réussi sa recolonisation et une veille est menée sur la Loutre, recensée il y a 3 ans. Des pièges photographiques révèlent le passage d’autres mammifères peu communs tels le Chat sauvage et le Lynx.

Comment découvrir la RNN ?

Un itinéraire avec diverses variantes (2 heures pour la plus longue) offre une immersion immédiate dans un environnement luxuriant. Une zone boisée emplie de chants d’oiseaux puis une digue font parvenir à un observatoire et à une plateforme pour admirer les bras morts et la confluence. Un sentier labyrinthique se poursuit au milieu d’une jungle d’orties. Mieux vaut préférer les heures très matinales durant l’été. Sangliers et renards en automne/hiver, sauterelles et criquets en juillet/août, oiseaux migrateurs en septembre… de nombreux habitants peuvent être aperçus, différents au fil de l’année. La Réserve n’est pas pour autant un zoo, et le visiteur devra parfois se contenter de traces, comme celles du Blaireau. Les sorties à retrouver sur le site reserve-iledugirard.org sont d’excellents moyens d’être guidé dans ses observations. Une fosse pédagogique permettra prochainement de visualiser le profil complet du sol pour comprendre les couches sédimentaires qui le composent.

Frédéric TOPIN, Conservateur de la RNN de l’Île du Girard

La gestion de la RNN est assurée par l’association Dole Environnement. La forêt est laissée à 80 % en libre évolution et fait l’objet d’un suivi : sur 50 placettes, les essences, la hauteur des arbres, les trous, etc., sont relevés tous les 10 ans. D’autres suivis (floristiques, des reptiles, des oiseaux…) fournissent un état des lieux régulier de la biodiversité. Même si une réglementation encadre les activités en interdisant par exemple les chiens, y compris en laisse, ou l’accès aux grèves de mars à juillet pour la quiétude des limicoles, la RNN n’est pas mise sous cloche. L’agriculture y a notamment toute sa place avec une adaptation des pratiques. Des fauches tardives, pas avant fin juin, participent à la sauvegarde des nichées des oiseaux des prairies ainsi que des jeunes chevreuils au sol. En complément, la Fédération départementale des chasseurs contribue au repérage des faons par l’usage d’un drone préalablement à la fauche.

Mini-glossaire

Milieux alluviaux : Ce sont des zones où le sol est issu de dépôts d’alluvions (cailloux, sables, boues) par un cours d’eau.