La Chevêche d’Athéna, une petite chouette à choyer

Publié par Bourgogne-Franche-Comté Nature, le 13 mars 2023   1.1k

La plus menue des rapaces nocturnes de nos villages suscite une sympathie qui peut se concrétiser en attentions dont elle a bien besoin pour se requinquer.

Comment reconnaître la Chevêche d’Athéna ?

C’est une chouette de la taille d’un merle. Du haut de sa vingtaine de centimètres, son gabarit est deux fois plus modeste que celui de la Chouette hulotte ou de l’Effraie des clochers. Ses yeux jaunes qui lui ont valu le surnom de « Chouette aux yeux d’or » n’ont rien de comparable avec ceux de ses consœurs. Ils sont réhaussés par des sourcils blancs caractéristiques. Son plumage gris-brun est tacheté de blanc. Elle a la particularité de sortir dès le début du crépuscule, à l’aube, et même en plein jour, ce qui permet de l’observer assez facilement. Elle fréquente les villages, les vergers, les bocages et les champs, et ce durant toute l’année, car elle est sédentaire. Ses pelotes de réjection sont un bon indice de présence : il s’agit des parties non digérées de ses proies qu’elle rejette par le bec depuis des perchoirs situés sur son territoire. Elles peuvent contenir des restes d’insectes, de micromammifères ou de petits oiseaux et mesurent de 1,5 à 4,5 cm de long.

Est-elle répandue en Bourgogne-Franche-Comté ?

La Chevêche est implantée sur l’ensemble de la région sauf en altitude. Elle est ainsi absente du massif jurassien. En France, ses effectifs semblent stables après avoir connu une forte régression dans les années 1950 et 2000. En Bourgogne, ces dernières décennies, elle semble avoir régressé dans plusieurs secteurs suite à une dégradation de ses habitats dans la Bresse et l’Yonne. Comme toutes les espèces nichant dans nos bâtis, la Chevêche d’Athéna souffre des rénovations qui suppriment les trous qu’elle occupait. L’abattage d’arbres creux, les collisions routières et la raréfaction de sa nourriture sont aussi en cause.

Quelles actions peuvent la favoriser ?

En réduisant le recours aux produits phytosanitaires, on préserve toute la petite faune qui constitue sa ressource alimentaire. Il faut conserver toutes les cavités dans lesquelles elle est susceptible de nicher dans les bâtiments et dans les arbres. L’espèce étant protégée, toute destruction d’un site de nidification doit être évitée et nécessite le cas échéant une demande de dérogation. On peut en complément poser des nichoirs. Pour voir plus loin, planter de nouveaux arbres et créer des vergers offre un avenir pour les futures générations de chevêches. On peut aussi intervenir sur les installations dangereuses : vérifier qu’il n’y a pas de poteaux métalliques creux dans lesquels une chouette pourrait rester piégée, mettre un grillage au maillage serré au sommet des cheminées, ajouter une grille sur laquelle elle pourra s’accrocher sur les abreuvoirs pour ne pas s’y noyer. Limiter sa vitesse sur la route, notamment à la tombée de la nuit et au lever du jour, permet de diminuer les risques de la heurter.


Le mot de l’experte

Cécile DÉTROIT, Ornithologue médiatrice environnement à la Société d’histoire naturelle d’Autun – Observatoire de la faune de Bourgogne

La Chevêche d’Athéna élève ses petits plus tard que les autres chouettes. Son chant montant est surtout audible en mars, période des parades nuptiales. Elle pond de 3 à 5 œufs et les poussins sortent du nid au bout d’une trentaine de jours. Le nourrissage se poursuit plusieurs semaines après, jusqu’à l’envol en août. Pour aider les jeunes durant ce laps de temps où ils sont particulièrement vulnérables face aux prédateurs, il est possible d’aménager un refuge sous le nid. Il suffit de placer au sol une caisse dotée d’une ouverture de 7 cm de côté. Si l’on rencontre un jeune à terre, il ne faut pas le déplacer, ses parents ne sont pas loin ! Il n’y a rien à faire, hormis éventuellement le percher sur une branche en hauteur à proximité immédiate.


Pour en savoir plus.

Conseils pratiques et coordonnées des associations relais sont à retrouver sur la fiche SOS La Chevêche d’Athéna à télécharger sur le site de la Société d’histoire naturelle d’Autun-Observatoire de la faune de Bourgogne  https://observatoire.shna-ofab.fr, onglet « SOS ».


Crédit illustration © Gilles MACAGNO