Hirondelle rustique : ouvrez-leur la porte
Publié par Bourgogne-Franche-Comté Nature, le 24 avril 2023 2.8k
Que rêver de mieux qu’une colocataire qui fait le printemps ?
Comment identifier l’Hirondelle rustique ?
Elle a une queue fourchue prolongée par 2 plumes très fines que l’on nomme filets. Son plumage est sombre sur le dessus avec des reflets bleutés et il est blanc dessous sauf au niveau de la gorge, qui est rouge. L’Hirondelle rustique installe son nid fait de boue et de paille à l’abri, souvent à l’intérieur des bâtiments. Elle apprécie tout particulièrement les étables et les écuries, où il fait chaud et où les mouches foisonnent, mais s’accommode aussi très bien de garages, par exemple. Parmi les 4 espèces d’hirondelles habitant la région, c’est la première à revenir de son séjour africain dès le mois de mars. Chaque année, elle fait 2 à 3 nichées avant de repartir à l’automne vers le Cameroun, le Congo, le Gabon, ou encore la Centrafrique, à plus de 5 000 km d’ici !
Pourquoi se raréfie-t-elle ?
Entre 2002 et 2019, ses effectifs ont diminué de 25 % en France, principalement pour des questions de ressources alimentaires et de lieux de nidification. En tant qu’insectivore, elle pâtit de la chute du nombre d’insectes liée notamment aux produits phytosanitaires. Pour bien accueillir les hirondelles, il faut en réduire l’utilisation. L’Hirondelle rustique trouve par ailleurs trop souvent porte close lorsqu’elle rentre de son long voyage. Les granges ou garages qui lui étaient autrefois ouverts deviennent inaccessibles. Il est essentiel de ne jamais fermer les portes durant la saison où elle est présente, ou d’aménager une lucarne tout en haut, de 30 cm de haut sur 30 cm de large. Si vous craignez les salissures causées par les fientes, placez tout simplement une planchette de bois ou une bâche juste en dessous des nids. En cas de travaux qui impacteraient un nid, une demande de dérogation doit être effectuée au préalable auprès de la Préfecture.
Comment aider l’espèce ?
L’Hirondelle rustique choisit souvent une poutre comme support pour son nid. Celle-ci doit être suffisamment rugueuse pour que le nid s’y accroche. Pour faciliter sa fabrication, vous pouvez planter des clous, des chevilles, ou disposer une planche. Veillez aussi à ne pas traiter vos poutres ni votre charpente avec des produits toxiques. Si vous possédez un espace qui pourrait accueillir des nids mais qui est dépourvu de poutres ou équivalents, l’installation de nichoirs est recommandée. Pour éviter que les chats et autres prédateurs ne sévissent, vérifiez que rien ne permette d’atteindre les nids. Les flaques et mares des environs sont à préserver, leur boue représentant un matériau de construction indispensable.
Le mot de l'experte
Cécile DÉTROIT, Ornithologue médiatrice environnement à la Société d’histoire naturelle d’Autun – Observatoire de la faune de Bourgogne
Contrairement à sa cousine l’Hirondelle de fenêtre, l’Hirondelle rustique n’accole jamais son nid à d’autres. Il lui faut plus de 1 000 voyages pour le façonner, c’est pourquoi la réparation d’un nid préexistant est toujours privilégié par les couples. Même en hiver, un nid d’hirondelle est précieux et protégé par la loi. La femelle y dépose 3 à 5 œufs tachetés qui sont couvés 2 semaines. Une fois les oisillons éclos, s’ensuivent environ 3 semaines de nourrissage à un rythme effréné : près de 400 becquées par jour, composées d’une vingtaine d’espèces d’insectes différentes. Après l’envol, les jeunes sont encore nourris une dizaine de jours avant d’être autonomes. Si vous trouvez un oisillon tombé du nid, replacez-le dedans ou contactez rapidement une association relais.
Pour en savoir plus
Conseils pratiques et coordonnées des associations relais sont à retrouver sur la fiche SOS L’Hirondelle rustique à télécharger sur le site de la Société d’histoire naturelle d’Autun – Observatoire de la faune de Bourgogne https://observatoire.shna-ofab.fr, onglet « SOS ».
Crédit illustration © Gilles MACAGNO