Les prairies et bocages d’Ouroux-sur-Saône
Publié par Bourgogne-Franche-Comté Nature, le 29 juillet 2024 290
Épargné par le retournement pour mise en culture, par l’assèchement et par l’arrachage de haies, le site Conservatoire du Val de Saône se démarque par sa biodiversité exceptionnelle.
Quel est le statut des prairies et bocages d’Ouroux-sur-Saône ?
Ils correspondent à un site Conservatoire : propriété du Conservatoire d’espaces naturels de Bourgogne, les 110 hectares sont gérés dans une logique de préservation des milieux et des espèces. L’acquisition des premières parcelles agricoles, alors pour certaines en cours d’abandon, a commencé dans les années 1990 et s’est poursuivie jusqu’en 2010. Le site s’intègre dans des ZNIEFF*, ainsi que dans deux sites Natura 2000* et dans le Contrat de rivière de la vallée inondable de la Saône, tous trois animés par l’Établissement public territorial de bassin Saône et Doubs. Le Conservatoire agit en complémentarité et en cohérence avec ce partenaire et ces outils de protection.
Quelles sont les particularités du site ?
Il est localisé dans le Val de Saône sur les communes d’Ouroux-sur-Saône et Saint-Germain-du-Plain à moins d’1 kilomètre de la Saône. Le lit de la rivière s’étend fréquemment jusqu’au site. Le paysage prairial ponctué de mares est traversé par un maillage dense de haies mixtes d’un linéaire de plus de 15 kilomètres. On y rencontre une quinzaine de plantes patrimoniales inféodées aux prairies humides : l’emblématique Fritillaire pintade, de la famille des tulipes, possède des fleurs au motif en damier pourpre qui s’épanouissent alors qu’elle a encore les pieds dans l’eau. Plus tardivement, fleurissent la Gratiole officinale, protégée nationalement, la rare Violette élevée, cantonnée à quelques vallées alluviales, et l’Ail à tiges anguleuses. Le site est riche en avifaune à la fois nicheuse et migratrice, avec notamment le Courlis cendré, considéré comme quasi menacé d’extinction en Europe, et un beau cortège de passereaux des prairies dont le Tarier des prés. L’espèce phare reste le Râle des genêts, qui souffre d’un mauvais état de conservation et dont la densité encore importante il y a 15 ans a décliné. Sa présence n’a pas été reconfirmée sur le site depuis 2021 malgré des milieux favorables.
Le site est-il ouvert au public ?
Oui, sur une boucle aménagée d’1,5 kilomètre dotée d’un observatoire, le promeneur peut découvrir les caractéristiques d’une prairie inondable. Un dépliant téléchargeable sur le site Internet du Conservatoire associé à des bornes accompagne la visite. L’accès peut temporairement être impossible lors d’inondations. Des repères de crues positionnés sur l’échelle de l’observatoire rappellent que l’eau est parfois montée à plus de 2 mètres au-dessus du sol.
Cécile BARBIER, Chargée de missions territoriale Saône-et-Loire au Conservatoire d’espaces naturels de Bourgogne
La principale mesure de gestion consiste en une fauche et en un pâturage tardifs pour ne pas déranger les espèces lors de la période critique des nichées entre mai et mi-juillet. Des bandes refuges enherbées sont maintenues jusqu’à mi-août. Les haies bénéficient d’un entretien adapté et leurs saules continuent d’être taillés en têtard pour profiter aux oiseaux, insectes et champignons. Divers suivis sont assurés pour les espèces pour lesquelles le site a une responsabilité régionale, voire nationale, ou encore pour avoir une vision globale de la végétation. Depuis une dizaine d’années, un suivi piézométrique permet d’évaluer l’évolution du niveau de la nappe, l’eau étant essentielle au maintien des prairies humides et à leur biodiversité. Même si l’on ne détecte pas de menace à court terme, la tendance laisse apparaître une baisse de plus en plus marquée du niveau en été. Le site sert également de terrain de recherche pour des étudiants.
Mini-glossaire
Natura 2000 : réseau européen de sites naturels ayant une valeur patrimoniale et faisant l’objet d’une charte visant à les préserver.
ZNIEFF : Zone naturelle d’intérêt écologique, faunistique et floristique.