Le marais du Cônois-Alain Chiffaut

Publié par Bourgogne-Franche-Comté Nature, le 27 août 2024   190

Tuf, eau et microclimat réunissent les conditions nécessaires à une biodiversité originale pour la Bourgogne.

Qu’est-ce qui fait la particularité du marais du Cônois ?

C’est un marais tufeux de pente localisé dans la montagne châtillonnaise sur la commune de Bure-les-Templiers au nord de la Côte-d’Or. D’une superficie de 5,37 hectares, c’est le premier site à avoir été acquis, en 1991, par le Conservatoire d’espaces naturels de Bourgogne en vue d’une préservation. Il a été baptisé du nom d’un naturaliste cofondateur de notre structure associative. Deux facteurs particuliers expliquent sa biodiversité unique : d’une part, la présence d’une roche, le tuf, résultat du caractère karstique de la région. Les sols calcaires fissurés, très perméables, laissent pénétrer les eaux qui se chargent en carbonate de calcium et ressortent au niveau de résurgences. Une réaction chimique provoque alors une précipitation du calcaire à l’origine du tuf. D’autre part, un microclimat froid induit de fortes variations de températures avec gel et brouillard en fond de vallon, favorables à l’implantation d’espèces montagnardes, dans une région naturelle qui culmine à seulement 500 mètres d’altitude.

Quelles espèces inféodées aux marais y trouve-t-on ?

Le Choin ferrugineux et la Swertie pérenne, tous deux protégés, sont des exemples de plantes rares en Bourgogne, que l’on rencontre d’ordinaire dans les massifs des Alpes, des Pyrénées et du Jura. Parmi les espèces typiques des bas-marais alcalins, on retrouve l’Orchis incarnat et la Linaigrette à feuilles larges, hautement patrimoniales. La Gentiane pneumonanthe est quant à elle la plante hôte d’un papillon en danger d’extinction dans la région, l’Azuré des mouillères. Espèce classée d’intérêt communautaire en Europe, le Vertigo étroit est un minuscule escargot d’à peine 2 millimètres. Le Cordulégastre bidenté, menacé sur la région, est une libellule indicatrice du bon état de conservation du marais, puisque sa larve reste entre 4 et 5 ans dans des suintements calcaires avant de se métamorphoser.

Peut-on visiter le marais ?

Oui, il est fréquenté à hauteur de 1 500 visiteurs par an en moyenne. Débutant dans la forêt, un sentier pédagogique avec une partie en platelage, récemment remis au goût du jour, traverse le cœur du site pour découvrir en une petite heure de marche les points d’intérêt du marais tufeux. Labellisé Espace naturel sensible du Département en 2023 avec une inauguration qui interviendra cette fin d’été, le site va bénéficier d’une dynamique supplémentaire pour sa valorisation.

Aurélien GRÉAUME, Chargé de missions territorial Côte-d’Or au Conservatoire d’espaces naturels de Bourgogne

Outre le suivi d’espèces patrimoniales, nous souhaitons, avec nos partenaires, évaluer l’état de conservation du marais sur le long terme, notamment son alimentation en eau dont la quasi-omniprésence est primordiale. Cette évaluation permet de suivre l’évolution du marais et d’en déduire les actions à mettre en place pour maintenir son bon état de conservation. Une vigilance est ainsi assurée face aux menaces susceptibles de dégrader le milieu. Débroussaillages, coupes ou arrachages de résineux dont les semis atteignent les bordures du marais sont régulièrement effectués par le Conservatoire. Des opérations de restauration des fonctions hydrologiques des marais sont aussi réalisées en cas de drainage de la ressource en eau en amont du marais.