L’urgence de rendre nos routes moins meurtrières pour les mammifères
Publié par Bourgogne-Franche-Comté Nature, le 15 novembre 2024 130
Afin de réduire l’effectif des animaux percutés par les voitures, la SHNA œuvre pour centraliser les observations et généraliser une conduite responsable.
Pourquoi mener un programme sur les infrastructures routières et la faune ?
Depuis de nombreuses années, la Société d’histoire naturelle d’Autun-Observatoire de la faune de Bourgogne (SHNA-OFAB) étudie les impacts des infrastructures de transport sur la faune sauvage. Une route ou une voie ferrée peuvent en effet représenter une véritable barrière pour quantité d’espèces qui voient leurs habitats fragmentés. Sur la liste des mammifères particulièrement touchés figure le Chat sauvage, une espèce protégée emblématique de Bourgogne. C’est le porte-drapeau du programme que la SHNA a lancé en 2021. Celui-ci vise d’une part à mieux connaître les collisions sur le territoire bourguignon, et d’autre part à chercher des solutions.
De quelles données disposez-vous ?
Salariés et bénévoles de notre structure, mais aussi professionnels des routes et grand public alimentent notre base de données, la Bourgogne Base Fauna, via l’outil de saisie en ligne E‑Observations. En 2023, pas moins de 775 données de mammifères ont été enregistrées. Parmi elles, 6 concernent le Chat sauvage contre 182 pour le Hérisson. Au total, nous disposons aujourd’hui de plus de 7 000 données sur des mammifères morts sur les routes et de près de 6 000 données sur des mammifères observés vivants. Le Hérisson, le Renard, le Chevreuil, l’Écureuil, le Blaireau et le groupe Martre/Fouine/Putois sont les mammifères les plus représentés, mais ils ne sont pas les seuls. Même le Lynx, beaucoup plus rare, fait l’objet de quelques observations.
Comment les données sont-elles utilisées ?
Nous cherchons à identifier les points noirs, là où ont lieu le plus de collisions. La cartographie dressée nous permet de cibler les zones à enjeu pour envisager des aménagements tels que des passages à faune, ou pour repenser la gestion de ces tronçons et de leurs abords. L’analyse des données repose sur un regroupement par cortèges d’espèces. L’enjeu est jugé plus ou moins fort selon le nombre d’observations avec un seuil différent selon le cortège. Par exemple, pour le cortège des espèces protégées, vulnérables, ou en voie de colonisation, dès lors qu’un seul individu est notifié sur une route, l’enjeu est d’office décrété fort, comme c’est le cas pour la Loutre. Pour les mammifères les plus fréquents et les petits mammifères, un plus grand nombre d’observations est nécessaire pour qu’un enjeu fort soit prononcé.
Daniel SIRUGUE, directeur de la SHNA-OFAB
La SHNA-OFAB accompagne les services départementaux des routes pour former les agents à la remontée de données et aux problématiques liées à la faune sauvage. Un gros travail a d’ores et déjà été mené en ce sens avec la Côte-d’Or. Parallèlement à ces partenariats institutionnels, la sensibilisation du grand public est essentielle. Un autocollant « Faune sauvage, je lève le pied ! » illustré par un chat sauvage est largement diffusé pour inciter à être vigilant sur les routes et à ralentir. Ces bonnes pratiques sont d’autant plus impératives la nuit, période la plus sensible durant laquelle les animaux se déplacent davantage, et en zones forestières. Des enquêtes participatives sont aussi régulièrement lancées pour inviter chacun à notifier sur E-observations les mammifères vivants ou morts croisés sur les routes. En plus d’alimenter la base de données, elles encouragent à l’observation. Un point de départ pour la préservation !