Virages technologiques pour MiMédI
Publié par Journal en direct, le 12 janvier 2023 670
Photo Sandrine Quarroz – Institut FEMTO-ST
L’aventure MiMédI se termine, au terme de cinq années de recherches menées autour de deux domaines d’activité phares du territoire comtois : les biothérapies et les microtechniques.
Les partenaires du projet ont travaillé à l’élaboration de médicaments de thérapie innovante (MTI) pour le traitement du cancer ainsi qu’à la mise au point de solutions pour assurer leur manipulation, l’optimisation de leur production et la réduction de leurs coûts de fabrication.
Des MTI fabriqués dans un petit espace clos
Le concept majeur du projet est la fabrication de MTI dans un espace clos et de petites dimensions, en lieu et place des salles blanches où ils sont habituellement produits. Ce changement de paradigme devrait à terme rendre ces biothérapies plus faciles à mettre en œuvre et d’un prix de revient comparable à celui des chimio- ou radiothérapies.
Émergence d'une filière aux multiples savoir-faire
La plus grande réussite de MiMédI est sans doute l’émergence d’une filière réunissant de multiples savoir-faire : au croisement des sciences pour l’ingénieur et de la biologie, du monde académique et de l’industrie, le projet a fédéré des acteurs de spécialités et d’horizons différents, qui ont su s’entendre et mettre en interaction leurs compétences respectives.
« D’un point de vue technique, nous sommes parvenus à deux grands types de résultats », explique Olivier Lehmann, coordinateur technique du projet : « La sélection d’éléments d’intérêt dans un produit, par exemple la séparation de cellules du milieu dans lequel elles vivent par le biais d’ondes acoustiques, et le contrôle non intrusif du médicament pendant son cycle de fabrication, au moyen de la spectrométrie. Ces innovations demandent cependant encore des développements avant de pouvoir faire l’objet de transferts vers l’industrie ».
Inscrit au programme européen de spécialisation intelligente régionale (RIS3), MiMédI a largement été soutenu par la Région Bourgogne - Franche-Comté : il a bénéficié de plus de 11 millions d’euros de fonds européens par le biais du FEDER, sur un budget global de 15 millions d’euros. Il a en outre reçu le soutien financier de la BPI et du CPER (Contrat de plan État-Région). Un nouveau projet est d’ores et déjà en cours de réflexion afin de relayer MiMédI, et de confirmer sur le long terme les conditions de mise en œuvre de ruptures de technologie pour la médecine du futur.
Vers une production automatisée des CAR T-Cells
Photo Sandrine Quarroz –Institut FEMTO-ST
CellQuest développe des solutions automatisées de production des CAR T-Cells, des lymphocytes génétiquement modifiés pour mettre au point des traitements personnalisés contre certains cancers.
La start-up est née en 2020, bénéficiant de la dynamique impulsée par MiMédI et s’intégrant dans un réseau de compétences concentré de manière incroyablement avantageuse autour de Besançon. Fondateur et dirigeant de CellQuest après vingt ans chez ILSA, fabricant comtois d’instruments de laboratoire impliqué dans le projet, Guillaume Wallart estime que « MiMédI a donné aux partenaires l’opportunité de travailler en interaction », un mouvement dont il espère qu’il va se poursuivre à long terme : « C’est de cette façon que nous réussirons à remporter, sur le territoire, le défi que représentent les biothérapies pour l’avenir. »
CellQuest ambitionne de se positionner sans délai sur le marché de la fabrication automatisée des CAR T-Cells, un marché encore neuf au service d’un domaine en plein essor. « Les lignes de production actuelles ne sont pas adaptées pour la fabrication industrielle de ces traitements personnalisés. L’équipement que nous proposons signifie une réduction considérable des surfaces et des contraintes de production, et exige moins d’intervention humaine. »
Baptisée CosyNest15, la machine permet de superposer quinze lignes de production dans un volume comparable à celui d’un réfrigérateur ; elle réunit différents process innovants, mis au point et éprouvés par les spécialistes de la start-up, et sera pleinement opérationnelle d’ici un an. Elle promet aux fabricants de CAR T-Cells de multiplier par 30 leurs capacités actuelles de fabrication et d’en diviser les coûts par 10, et ainsi de démocratiser les biothérapies fondées sur cette technologie.