Variations de glycémie et complications post-opératoires

Publié par Journal en direct, le 27 mars 2025   23

Après une chirurgie cardiaque, comme un pontage ou la pose de valves, le taux de sucre dans le sang augmente en raison du stress physiologique que génèrent de telles opérations. Cette hyperglycémie transitoire peut entraîner des complications, responsables d’une hausse de la morbidité et de la mortalité des patients.

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Le protocole post-opératoire de routine prévoit l’administration d’insuline pendant 48 heures, pour amener le taux de sucre en dessous d’un seuil critique pour la santé. Mais l’insuline ne peut corriger la variabilité de la glycémie, dont les impacts sont également préjudiciables.

Guillaume Besch est praticien hospitalier en anesthésie et réanimation au CHU de Besançon, enseigne sa discipline à l’UFR Santé et mène ses recherches au laboratoire Sinergies de l’université Marie et Louis Pasteur.

Spécialiste de la perturbation du contrôle glycémique après une chirurgie majeure ou une réanimation, il explique : « Le taux de sucre dans le sang peut, à plusieurs reprises, baisser ou remonter brutalement et de manière significative, parfois en quelques secondes. Cet effet yoyo est source de problèmes post-opératoires, et cela même si le taux de sucre est inférieur au seuil de référence ».

Les recherches que Guillaume Besch mène avec son équipe sont pour l’instant encore très exploratoires. Elles s’orientent sur un possible lien de cause à effet entre la variation de la glycémie et un dysfonctionnement de l’endothélium vasculaire ou une perturbation du système nerveux autonome, deux explications avancées pour expliquer la survenue de complications.

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« Le but est de comprendre les mécanismes à l’œuvre et de reconstituer les voies méta­boliques impliquées. À partir de là, il sera envisageable d’identifier des cibles thérapeutiques pour mieux prévenir les complications post-opératoires », précise Guillaume Besch.

L’étude clinique CAESAR a été engagée dans cet objectif au CHU de Besançon. Menée auprès de 115 patients, elle vient de livrer ses premiers résultats et confirme les hypothèses posées en préambule par les chercheurs.

L’étude met ainsi en évidence que la variabilité glycémique la plus importante avant l’opération s’observe chez les patients diabétiques, et plus encore, à l’intérieur de cette population, chez les personnes habituellement traitées avec de l’insuline. Elle montre également clairement que la variabilité glycémique de ces patients après une chirurgie cardiaque est directement corrélée à celle qu’ils présentaient avant l’intervention. « Chez les personnes diabétiques traitées avec de l’insuline, la variabilité glycémique à l’état basal, c’est-à-dire avant l’intervention, pourrait ainsi constituer une nouvelle cible thérapeutique pour l’amélioration du pronostic de cette population. »

Article paru dans le Journal en direct n°317.

Photo début d'article : Photo de Towfiqu barbhuiya - Unsplash