Une faune auxiliaire gage de productivité agricole
Publié par Bourgogne-Franche-Comté Nature, le 30 juin 2021 1.3k
Encore trop souvent victime d’idées reçues, la faune représente une alliée indispensable aux agriculteurs, qui ne demande qu’à être réinvitée dans les champs…
Qu’est-ce que la faune auxiliaire en agriculture ?
Elle désigne les animaux qui assurent gratuitement de nombreux services, appelés services écosystémiques, bénéfiques à la production des récoltes. L’un des exemples les plus connus est la pollinisation, réalisée non seulement par l’abeille domestique, mais aussi par beaucoup d’autres espèces d’abeilles et d’autres insectes pollinisateurs comme les syrphes. Le renard, pourtant encore classé comme l’équivalent de « nuisible » dans bien des départements, est un gros consommateur de campagnols, parfois ravageurs des cultures. Un renard adulte consomme en moyenne 3 000 rongeurs par an ! Des rapaces comme la Buse variable, les busards, le Faucon crécerelle, la Chouette effraie, la Chouette chevêche ou le Hibou moyen-duc sont aussi des prédateurs appréciables en agriculture. Les chauves-souris permettent de limiter conséquemment les dégâts causés par les chenilles de papillons. Quant aux carabes*, ils mangent limaces et graines d’adventices, dites mauvaises herbes. La liste est longue ! Il faut chercher à réinviter cette faune précieuse.
En quoi consiste l’agriculture de conservation des sols ?
Elle a été créée il y a une quarantaine d’années par des agriculteurs qui souhaitaient enrayer le déclin de la fertilité de leurs sols. Ils ont cessé de labourer pour éviter de détruire la faune du sol et les réseaux souterrains des champignons, mais ont constaté que cela ne suffisait pas. Ils ont donc cherché à couvrir le plus possible leurs sols afin de les protéger et de les nourrir en semant un couvert végétal dans les laps de temps où il n’y a pas de cultures. Ils ont aussi diversifié leurs productions en enrichissant leurs rotations de cultures. Ces nouvelles pratiques culturales ont un effet positif sur la biodiversité des sols, et donc leur fertilité, et offrent des ressources alimentaires appréciables pour la faune auxiliaire.
Pourquoi la restauration des « infrastructures agroécologiques » doit-elle être menée en complément ?
La chute des populations d’insectes, d’oiseaux, etc., est principalement due à la perte et à la fragmentation de leurs habitats. Pour réinviter la faune, il faut donc rendre une place aux haies, bosquets, vieux arbres, bandes enherbées, mares… qui apportent refuges et nourriture. C’est ce que l’on nomme les « infrastructures agroécologiques » (IAE). Pour qu’elles soient fonctionnelles, elles doivent être suffisamment proches les unes des autres et connectées. C’est le principe de la Trame verte et bleue, que l’on cherche nationalement à recréer, formée de corridors écologiques reliant les habitats entre eux. Les agriculteurs ont tout intérêt à favoriser ce maillage à l’échelle de leurs parcelles.
Le mot de l'experte
Cécile WALIGORA, Agroécologue indépendante
Le retour de la faune dans les champs est-il en cours ?
Si l’agriculture de conservation des sols a bien gagné du terrain, la restauration des infrastructures agroécologiques n’en est qu’à ses débuts. Elle a pourtant toute sa place, y compris en agriculture conventionnelle. Entre 2006 et 2014, plus de 13 500 hectares de haies et alignements d’arbres ont été supprimés en France. Un programme national « Plantons des haies ! » a été lancé pour soutenir financièrement les agriculteurs avec l’objectif de planter 7 000 km de haies et alignements d’arbres interparcellaires en 2021-2022. C’est une action positive, à condition qu’elle soit réalisée avec des essences locales diversifiées, s’inscrive sur le long terme et s’accompagne d’un entretien respectueux de la biodiversité.
Pour en savoir plus
Prolongez votre lecture avec un article de Cécile WALIGORA paru dans le n° 31 de la revue BFC Nature. Procurez-vous aussi son ouvrage Faune utile des bords de champs, en finir avec les idées reçues, aux éditions France Agricole.
Mini glossaire
Carabes : insectes de l’ordre des coléoptères.
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