Société recherche experts
Publié par Journal en direct, le 17 février 2025 31
Lorsque la science se connecte à la société, cela se traduit par l’engagement de chercheurs dans des organismes d’État ou des associations, par des actions de diffusion de la connaissance ou de formation auprès des professionnels et du grand public, par des opérations menées conjointement avec des acteurs de la société civile… Quelques exemples de missions menées hors les murs des laboratoires donnent la mesure de l’implication citoyenne des scientifiques, et de la philosophie qui sous-tend leur action.
Extraits du dossier paru dans le Journal en direct n°316, à retrouver en intégralité en cliquant sur le lien.
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« On ne peut véritablement parler de progrès que lorsqu’ils sont utiles à l’homme. Ceux de la médecine sont indéniables, mais ils ne peuvent uniquement être jaugés sur des critères comme l’allongement de l’espérance de vie : d’un point de vue éthique, ce progrès, par exemple, ne revêt tout son sens que s’il s’accompagne d’une amélioration de la qualité de vie. C’est encore plus vrai lorsque les personnes sont condamnées par la maladie, affaiblies par le handicap, éprouvent des souffrances existentielles. Ce sont des vulnérabilités qu’il convient d’accompagner. » « Quand on est chercheur, quand on est citoyen aussi, il est important d’avoir des convictions et de les étayer par des arguments.» Régis Aubry, laboratoire LINC et service des soins palliatifs/CHU Besançon.
« Le conflit apparent, qui n’est pas un conflit d’intérêt avéré mais qui peut être perçu comme tel par une tierce personne, suffit à faire retirer quelqu’un du jeu avant même que se pose la question de la réalité du conflit. » « La neutralité, l’indépendance d’esprit et de jugement, la distance, le sens critique ou encore la capacité d’analyse sont des caractéristiques que présentent les universitaires et qui correspondent à leurs attentes. » Olympe de Bailliencourt, Centre de recherches juridiques de Franche-Comté.
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« Pour protéger les consommateurs, les agences sanitaires émettent des avis et des recommandations, et les autorités produisent des réglementations, fixant notamment des limites pour les teneurs en contaminants dans les denrées alimentaires. »« (...) Le ressenti actuel de la population est biaisé parce que l’information qu’elle reçoit est très anxiogène, et parce que la progression des connaissances ces cinquante dernières années met au jour des problèmes qu’on a longtemps tus ou ignorés. » Pierre-Marie Badot, laboratoire Chrono-environnement.
« Certaines saisines nécessitent d’être traitées en urgence, comme c’était le cas lors de la pandémie de Covid-19. En deux mois, le comité avait rendu son verdict sur les risques et l’intérêt de la présence de graphène dans les masques mis sur le marché » Jérôme Husson, Institut UTINAM.
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« Le changement climatique comme le caractère toxique de certaines molécules sur l’environnement sont connus. Maintenant on sait, il faut aller plus loin et arrêter de toujours se cacher derrière les mêmes questionnements. » « Les journalistes peinent à trouver des scientifiques sur certains sujets. Avec mes doctorants, nous sommes régulièrement sollicités, notamment lorsqu’une décision politique ou sociétale est en jeu. (...) Nous intervenons aussi sur les réseaux sociaux pour argumenter et nous positionner par rapport à des interlocuteurs qui font preuve de mauvaise foi ou distillent des informations mensongères. Ce n’est pas un exercice facile… » Edward Mitchell, laboratoire de biodiversité du sol, université de Neuchâtel.
« Les industriels sont en demande d’informations. IE Technology News est là pour leur en donner, et pour favoriser le lien entre les mondes académique et socio-économique. » Fei Gao, Institut FEMTO-ST.
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« Les connaissances du terrain régional dont nous disposons grâce à nos travaux sont à faire valoir autant que nos méthodes scientifiques. Il s’agit par exemple d’utiliser les bons outils pour interroger les habitants ou retranscrire des informations de façon à ce qu’elles soient exploitables. De l’autre côté, les aspects très concrets que suppose la gestion d’un territoire protégé, l’expérience du terrain et l’implication des gens nous apportent beaucoup. Ce n’est pas un service rendu à sens unique de la part du scientifique, mais un aller-retour enrichissant, satisfaisant, et qui en ce qui me concerne, me donne le sentiment de pleinement faire mon travail. » Sébastien Nageleisen, laboratoire THéMA.
« C’est expliquer aux collégiens et lycéens pourquoi la science s’envisage sur le temps long ou comment se construit un travail de thèse. C’est leur montrer que la démarche scientifique est en tous points opposée à celles qui produisent les fake news, les faux experts et les scoops médiatiques » Sylvain Picaud, Institut UTINAM.
« C’est un double défi sociétal, qui fonctionne en boucle : en restaurant les objets du patrimoine grâce à des produits naturels, on protège l’environnement. Par cette action, on protège donc aussi les biens culturels, qui sont altérés par la pollution et les effets du changement climatique. » Edith Joseph, He-Arc Conservation-restauration.
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« Les sciences naturelles, facilement accessibles, se prêtent bien à des interventions citoyennes » « Les gens ont plaisir à être ensemble, alors que les oppositions étaient au départ assez fortes » « La science ne doit pas être distante du citoyen.» Patrick Giraudoux, laboratoire Chrono-environnement.
« Les thèmes que nous développons à l’ARE, comme les effets externes des transports, se retrouvent naturellement aussi dans mes cours, ce qui permet de montrer aux étudiants le lien entre la théorie et des applications concrètes dans le monde réel.» « Être professeur titulaire à l’université est un plus qualitatif, un gage de sérieux, et témoigne d’une compétence scientifique toujours actualisée. » Nicole Mathys, Institut de recherches économiques, université de Neuchâtel.
« (...) il s’agit de donner à la société civile et de se nourrir de ces échanges. Pour assurer le travail de recherche dans ce domaine, il est nécessaire d’aller chercher les informations sur le terrain, de produire des données. » Olivier Beaudet-Labrecque, He-Arc Gestion.
Photo début d'article : Pixabay - ©Tayeb MEZAHDIA