Le Parc national de forêts, instigateur de naturalité forestière

Publié par Bourgogne-Franche-Comté Nature, le 21 avril 2022   960

Créé fin 2019, le Parc national de forêts est le seul Parc national français entièrement dédié à la protection des forêts feuillues de plaine, et le premier de la moitié nord de la France.

Quelle place occupe la forêt dans le nouveau Parc national ?

Le Parc national s’étend sur près de 2 000 km2 et la forêt représente 56 % de cette surface. 95 % du cœur, qui s’étend sur plus de 560 km2, est forestier. Parmi les forêts constituant le cœur du Parc national, 92 % sont publiques, soit communales, soit domaniales*. Celles d’Arc-en-Barrois, de Châtillon et d’Auberive sont les plus emblématiques. Des obligations réglementaires s’appliquent aux forêts domaniales du Parc pour y favoriser la biodiversité. Il est par exemple imposé de conserver 8 arbres bio par hectare, contre 3 préconisés généralement. Aussi appelés arbres-habitats, ces arbres ont une haute valeur biologique parce qu’ils comprennent des « micro-habitats » : trous de pics, fentes pour les chauves-souris... Ils sont marqués d’un triangle bleu identifiable par exploitants et promeneurs. Les forêts domaniales doivent aussi consacrer 7 % de leur surface à des îlots de vieillissement, où on laisse pousser les arbres au-delà de leur diamètre d’exploitation habituel, et 5 % à des îlots de sénescence non exploités. Leur aménagement est révisé pour être mis en compatibilité avec la charte du Parc, en étroite collaboration avec l’ONF*.

Qu’est-ce que la trame de naturalité ?

C’est un point fort de la charte du Parc national qui se traduit à différents niveaux : arbres-habitats, îlots de vieillissement et de sénescence de 3 à 5 hectares, et enfin grandes réserves biologiques intégrales où la forêt est laissée en libre évolution.

L’enjeu est de former un maillage avec moins ou pas d’interventions humaines pour améliorer la naturalité des forêts. Cette trame servira de laboratoire à ciel ouvert pour observer les dynamiques naturelles. Nous pourrons en tirer des enseignements pour optimiser nos pratiques. Après la tempête de 1999, les forêts qui n’avaient pas fait l’objet d’interventions se sont parfois rétablies de façon surprenante. La migration assistée visant à introduire des essences mieux adaptées aux conditions climatiques modélisées est de plus en plus mise en œuvre. Le cœur de Parc national pourra à l’inverse constituer un territoire où la nature exprimera seule sa capacité à faire face au changement climatique.

Comment s’articule l’amélioration des connaissances sur la forêt ?

Le Parc national travaille sur la mise en place d’un observatoire de la forêt, prenant notamment la forme d’un réseau de placettes permanentes destiné à suivre l’évolution du capital sur pied, de la densité de micro-habitats, du bois mort au sol... autant de paramètres essentiels dans le contexte du changement climatique. Un observatoire cynégétique est aussi en cours de construction pour améliorer nos connaissances sur les populations d’herbivores et leur impact sur la régénération forestière. Le Parc national est par ailleurs une véritable terre d’accueil pour les chercheurs étudiant la forêt.


Le mot de l'expert

Morgan MARTIN, Chargé de mission forêt-filière bois au Parc national de forêts

Le développement économique de la filière bois est-il pris en compte au Parc national ?

Les volumes en sénescence ne sont certes pas utilisés, mais la préservation de la biodiversité a également des effets bénéfiques pour l’exploitation forestière. Les forêts gagnent en résilience, la fertilité du sol est améliorée, la productivité est accrue grâce à la diversité. Le Parc national a vocation à mieux cerner tous ces effets. Il porte aussi une réflexion sur la filière bois pour optimiser la valorisation des produits. Outre une démarche d’obtention des certifications FSC et PEFC, qui attestent d’une gestion durable des forêts, il cherche à promouvoir la transformation et l’utilisation locales. La valorisation des bois issus des forêts du Parc national par une reconnaissance de leur provenance est un autre axe de travail. Ces différentes actions permettraient d’augmenter la plus-value sans passer par une augmentation des volumes.


Pour en savoir plus

Découvrez plus de détails sur le rôle de sentinelle de la biodiversité forestière du Parc national de forêts grâce à un article paru dans le n° 31 de la revue Bourgogne-Franche-Comté Nature.

Mini glossaire

Forêt domaniale : forêt appartenant à l’État.
ONF : Office national des forêts.


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Crédit illustration © Daniel ALEXANDRE