La tête et les jambes
Publié par Journal en direct, le 18 janvier 2024 460
Pour réaliser de bonnes performances sportives, rien de tel que l’entraînement. Et retrouver la pleine possession de ses moyens physiques après une chute invalidante ne va pas sans rééducation. Si ces principes frappés au coin du bon sens ne sont pas à remettre en cause, ils peuvent cependant gagner en efficacité grâce à la complicité du cerveau, sollicité pour exercer de nouvelles influences sur la commande des muscles. La stimulation transcrânienne et l’entraînement mental sont des pistes que Sidney Grosprêtre explore à ce titre au laboratoire C3S de l’université de Franche-Comté, des recherches placées au carrefour de deux disciplines scientifiques, neurosciences et STAPS.
Ces travaux innovants ont valu au chercheur d’être nommé membre junior de l’Institut universitaire de France (IUF) en octobre 2023 pour cinq ans, une récompense en même temps qu’une opportunité pour poursuivre ses investigations dans les meilleures conditions. Utilisée à des fins thérapeutiques pour traiter par exemple la dépression ou les problèmes d’addiction, la stimulation transcrânienne est fondée sur l’envoi de courants électriques de faible intensité sur certaines zones du cerveau ; elle se révèle également efficace pour améliorer les capacités musculaires du sujet sain, selon des résultats récents obtenus par le chercheur.
L’entraînement mental repose, lui, sur des mécanismes très différents et concerne à la fois les personnes en situation d’immobilisation forcée et les sportifs de haut niveau. Dans ce cas, la personne fait appel à son imagination pour se représenter mentalement les mouvements qu’elle sera amenée à faire, par exemple pour pouvoir marcher à nouveau après une fracture. « La mesure de performance sur des sujets qui se plient à cet exercice régulièrement et selon un protocole étudié, montre que la force de leurs muscles est supérieure à celle des personnes qui n’ont pas suivi l’expérience », témoigne Sidney Grosprêtre. Cette méthode se révèle plus efficace encore lorsqu’elle est couplée à l’électrostimulation du muscle.
Dans un autre cas, la réalité virtuelle peut se substituer à l’imagination du sujet : le casque dont le volontaire est muni lui permet de se transporter dans un décor aussi vrai que nature, où il gouverne un vélo ou travaille sur un appareil de musculation. « La réalité virtuelle et l’imagerie mentale ont ce point commun de l’immersion dans une situation simulée. Ces deux méthodes semblent de façon similaire avoir des impacts sur la performance, mais selon des intensités qu’il reste à mesurer. La réalité virtuelle, sur laquelle mes recherches se concentrent actuellement, est réputée être un fort stimulant pour le cerveau, mais elle n’est pas forcément bien supportée par tout le monde. Il est utile d’étudier les deux pistes ! », explique Sidney Grosprêtre, dont l’objectif à terme est de développer un programme combinant entraînements physique et mental pour optimiser la charge d’entrainement des sportifs de haut niveau comme pour proposer des méthodes alternatives de réentrainement aux patients.