L’astrophysicienne Annie Robin brille à l’Académie des sciences
Publié par Journal en direct, le 13 janvier 2025 21
À la fois « surprise et très honorée », Annie Robin a reçu la médaille François-Dominique Arago de l’Académie des sciences en octobre dernier à Paris. Cette distinction remarquable, spécifique au domaine de l’astronomie et décernée par la prestigieuse institution tous les quatre ans seulement, vient en 2024 couronner la carrière exemplaire de l’astrophysicienne.
Avec l’Observatoire de Besançon pour port d’attache, les yeux rivés sur la voûte céleste, Annie Robin a participé aux plus grands programmes de recherche internationaux, en vue de toujours mieux explorer et connaître la Voie lactée. Ses investigations l’ont menée, entre autres, de l’Observatoire de Canada-France-Hawaï, installé sur l’île polynésienne, jusqu’à l’Observatoire européen austral (ESO) au Chili, en passant par l’Observatoire de la Côte d’Azur dans le Sud de la France.
Le « modèle de la Galaxie de Besançon », dont elle est la principale artisane, est une référence scientifique incontournable, connue et reconnue par ses pairs dans le monde entier. Cette aventure commence au début des années 1980 sur une idée de Michel Crézé, qui à l’Observatoire suggère de réunir toutes les observations déjà faites sur la Voie lactée dans un modèle statistique, pour élaborer des simulations et vérifier des hypothèses sur la formation et l’évolution de notre galaxie. Doctorante sous sa direction, Annie Robin s’attelle à la tâche. Fin 1983, à l’issue de sa thèse, elle a assemblé toutes les pièces existantes du puzzle, qui donnent lieu à la première version du modèle.
Quarante ans après, ce modèle existe toujours mais il s’est considérablement enrichi au fil des années, bénéficiant des progrès de la science aussi bien dans la façon d’observer les étoiles que dans la mesure de paramètres physiques et chimiques permettant de déterminer leur âge, leur position, leur orbite, leurs interactions… « Très vite, nous avons intégré des éléments théoriques qui nous ont aidés à mieux cerner nos hypothèses. C’est ce qui fonde la particularité et l’intérêt du modèle, dont le développement est l’œuvre de toute une équipe, avec Michel Crézé et Olivier Bienaimé d’abord, puis Céline Reylé, et de nombreux doctorants », raconte Annie Robin, aujourd’hui directrice de recherche émérite à UTINAM.
Le modèle de la Galaxie né de sa thèse a servi à bâtir des outils de simulation pour préparer la mission du satellite Gaia, qui depuis dix ans collecte des informations au cœur de la Voie lactée sur des distances incroyables et avec une précision astrométrique 50 à 100 fois supérieure à celle de son prédécesseur, Hipparcos. Première sonde européenne lancée pour explorer notre galaxie, Hipparcos apportait déjà dans les années 1980 les résultats fantastiques et inédits d’observations menées depuis l’espace, sur la base d’un répertoire de quelque 120 000 étoiles. Aujourd’hui, avant même le terme de ses observations systématiques prévues ce début d’année, Gaia représente un recensement d’1,7 milliard d’étoiles, qui se prêteront à l’analyse des spécialistes pendant des années.
Le modèle bisontin continue à jouer son rôle dans cette configuration révolutionnaire : en confrontant ses simulations aux données recueillies par Gaia, il aide à valider les observations réalisées par le satellite européen, en amont de la publication de chacun de ses catalogues d’étoiles. Le modèle de la Galaxie issu des premiers travaux de recherche d’Annie Robin continue à faire rayonner le nom de Besançon dans la sphère astronomique mondiale.
Article paru dans le Journal en direct n°316.
Photo début d'article : ©frankastro - Flickr