Jeux mosaïques : 4ème partie
Publié par Journal en direct, le 17 juillet 2024 240
Disciplines en jeu
Si l’athlétisme, qui semble établir un lien direct avec les Jeux antiques, est le sport roi des Jeux olympiques modernes, le 100 m restant l’épreuve la plus attendue, d’autres disciplines connaissent une histoire plus mouvementée.
Le football apparaît en 1900 aux Jeux de Paris, et dès 1912, l’organisation des tournois est confiée à la toute jeune FIFA. En 1924, le stade de Colombes affiche complet et le public assiste à la victoire de la sélection uruguayenne, un succès remis en cause par le CIO, accusant l’équipe de non-respect des critères d’amateurisme énoncés dans sa charte. Si le CIO durcit ses conditions, il continue à accepter le football comme discipline olympique, pour des raisons essentiellement financières : en 1928, à Amsterdam, le foot représente un tiers des recettes des JO. « Mais les relations avec la FIFA se tendent, au point que les dirigeants de la fédération créent leur propre compétition : la coupe du monde de football naît en 1930 », explique Paul Dietschy.
Les professionnels du football, comme des autres disciplines, seront admis aux Jeux à partir de 1984. La FIFA souhaite cependant que ses meilleurs joueurs privilégient le terrain de la Coupe du monde : une limite d’âge de 23 ans a été fixée pour constituer les équipes olympiques, que peuvent rejoindre au maximum trois joueurs plus âgés.
Le golf compte aussi parmi les premières disciplines des Jeux modernes, et se distingue par la présence de femmes. Mais après les éditions de 1900 et 1904, il disparaît de la scène olympique… jusqu’en 2016. Désaccords avec le CIO, problématique posée par un sport à la fois aristocratique et pratiqué par des professionnels, volonté des Britanniques et des Américains de ne pas voir leurs grandes compétitions concurrencées, et absence, pendant longtemps, de fédération internationale ont été autant d’entraves à sa réapparition. « À partir des années 1990, la discipline se structure à l’international et les meilleurs golfeurs veulent vivre l’événement des JO ; parallèlement, le CIO souhaite pour son impact médiatique la présence des stars de la discipline », raconte Jean-Yves Guillain, spécialiste de l’histoire du golf. C’est le retour aux Jeux de ce sport de tradition anglo-saxonne, dont les règles ont été formalisées dès 1744.
Le hockey sur gazon fait de son côté une apparition éclair à Athènes en 1896. Boudé à Paris et Saint-Louis, ce dérivé du cricket anglais revient en 1908 aux Jeux de Londres. Les joueurs d’Inde et du Pakistan, qui ont reçu sa pratique en héritage à l’ère de la colonisation, se disputent les victoires des tournois en alternance, et la discipline a du mal à dépasser ces frontières. Mais aux Jeux de Montréal en 1976, les règles changent. Le hockey se jouera désormais sur un terrain synthétique, et la rapidité de jeu passera avant la tactique. Les Européens et les Américains s’imposent dès lors dans la compétition. « Le hockey sur gazon s’est « olympisé ». Il est devenu plus dynamique, et donc plus médiatique : le CIO et les médias sont aux commandes », analyse Cyril Polycarpe.
Le droit du sport
Inaugurant la collection Cahiers d’Études olympiques dirigée par Éric Monnin, l’ouvrage L’olympisme. Genèse, principes & gouvernance regroupe des contributions issues de la première rencontre « Droit et olympisme » du cycle de colloques proposé à l’université de Franche-Comté par le CÉROU et le CRJFC.
Ces échanges scientifiques ont pour ambition « d’aborder l’ensemble des thématiques juridiques liées à l’olympisme et à l’organisation des événements olympiques, dans une optique disciplinaire et en collaboration avec plusieurs centres de recherche en droit du sport ». Principes fondateurs, fonctionnement du CIO, attribution des olympiades, contrat de ville hôte…, puisant dans leur passé comme dans leur actualité, c’est par le prisme du droit que sont considérées l’organisation et la gouvernance des Jeux modernes. Sous-jacentes, les questions d’éthique et de respect des droits de l’homme feront l’objet de la parution d’un deuxième volume, à la suite du colloque prévu sur ce thème. « Du fait des enjeux dont il est le reflet, l’olympisme constitue ainsi dans notre monde moderne une sorte de « mini-laboratoire » des nombreux enjeux existant à l’échelle internationale et de la manière dont l’ensemble des protagonistes réagissent », indique Béatrice Lapérou-Scheneider, directrice du CRJFC et coresponsable de la coordination de l’ouvrage.
Rencontres sportives et scientifiques
C’est pour favoriser les échanges scientifiques que s’organise, dans le pays hôte et à la veille des Jeux, un colloque réunissant des chercheurs en sciences sociales de toutes disciplines. Pour sa 4e édition, les représentants de 80 centres d’études olympiques de 23 nations ont donc été accueillis les 22 et 23 juillet à Besançon, à l’invitation du CÉROU 1. Ce colloque a fait suite au 16e Symposium international sur la recherche olympique et paralympique des 20 et 21 juillet, proposant des conférences ouvertes à tout public et également organisé à Besançon en collaboration avec l’ICOS, l’homologue du centre de recherche bisontin au Canada.
Deux rendez-vous d’importance pour Éric Monnin, sociologue au laboratoire C3S, directeur du CÉROU et vice-président de l’université de Franche-Comté à l’olympisme, que Paris 2024 emmène sur d’autres fronts encore : l’édition d’un numéro spécial de la revue de sociologie Carnet esprit critique avec des doctorants du C3S, la présence de l’université sur le stand du ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche au Club France à la Villette, pendant les Jeux, ou encore le commissariat de l’exposition Francophonie et olympisme à la Cité internationale de la langue française à Villers-Cotterêts, inaugurée le 17 juillet.
Infatigable promoteur de l’olympisme, Éric Monnin est consultant pour Eurosport et commentera sur la chaîne privée les cérémonies d’ouverture et de clôture Paris 2024, ainsi que les sports de combat. Porteur de la flamme olympique à deux reprises, à Besançon en juin, et à Nauplie, en Grèce, en avril, il garde de ces moments symboliques « émotion et fierté ».
1 Centre d’études et de recherches olympiques universitaires de l’université de Franche-Comté.
Retrouvez l'intégralité du dossier dans le Journal en direct n°313.
Photo début d'article : Pexels - Pixabay