COVARS, unité spéciale
Publié par Journal en direct, le 12 janvier 2023 480
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Que demande-t-on à un commando, quelle que soit sa nature ? La réactivité, l’efficacité, l’autonomie, la maîtrise. C’est dans cet esprit qu’a été institué le COVARS 1 : des scientifiques à la légitimité incontestable, reconnus à l’international, des spécialistes de divers horizons capables de travailler ensemble. L’objectif ? Conseiller le pouvoir politique sur les décisions à prendre concernant des risques sanitaires avérés ou potentiels.
Une équipe d’experts en médecine humaine, médecine vétérinaire, immunologie, biologie, infectiologie, virologie, écologie, accompagnés de membres de la société civile, tous réunis autour du concept One Health : une seule santé, au carrefour de l’humain, de l’animal et de l’environnement.
Professeur émérite d’écologie à l’université de Franche-Comté, Patrick Giraudoux est l’un des 19 membres du COVARS. Très tôt convaincu de la nécessité de considérer les liens complexes existant entre toutes les espèces et entre les espèces et leur contexte de vie au sens large, il a fait de cette conception intégrée le fer de lance de ses travaux de recherche, argumentant par là même sur l’intérêt du rapprochement des disciplines scientifiques pour traiter une question de santé publique ou environnementale. Une conception partagée avec ses collègues et devenue avec le temps la marque du laboratoire Chrono-environnement. « Il était difficile d’imposer cette façon de voir il y a trente ans lorsque nous avons commencé à la mettre en pratique en recherche, puis dans les maquettes d’enseignement. Nous ne pouvons que nous réjouir que la sphère politique s’en empare aujourd’hui. »
Virus et moustiques
Dans le collimateur de l’équipe : le Covid et ses variants, bien sûr ; le Monkeypox, ou variole du singe ; l’apparition de maladies infectieuses tropicales en France et en Europe, liée à l’intensification des déplacements de population et au réchauffement climatique. Des avis ont déjà été rendus sur les deux premiers sujets, encore peu avant Noël sur le port du masque.
Photo Tatiana Buzmakova – Shutterstock
À propos de la variole du singe, Patrick Giraudoux rappelle les conditions d’apparition de la maladie : « Différents rongeurs sont en Afrique les hôtes du virus Monkeypox, qu’ils ont transmis à l’être humain. Les adultes étaient protégés parce qu’ils bénéficiaient de l’immunité croisée apportée par la vaccination contre la variole, qui n’a plus cours depuis des années puisque cette maladie a disparu. Le Monkeypox atteignait donc surtout les enfants, infectés par des écureuils avec lesquels ils jouaient. »
Les enfants ont grandi et le virus s’est transmis d’homme à homme ; il a gagné du terrain dans les années 1990, s’est déplacé parce que les voyages se multipliaient, et ce qui était une zoonose est devenu une maladie contagieuse entre les êtres humains. « L’une de nos investigations concerne la possibilité que des réservoirs animaux de Monkeypox se recréent en Europe à partir de la maladie humaine, instaurant des conditions favorables de développement pour le virus. » L’étude des dynamiques de population, l’écologie des paysages et des espèces sont les compétences que Patrick Giraudoux apporte à l’équipe pour participer à cette réflexion.
Des compétences également convoquées pour appréhender la question du développement des maladies à transmission vectorielle sous nos latitudes à la faveur du réchauffement climatique, comme la dengue véhiculée par le moustique tigre. Le comité peut être saisi sur d’autres sujets encore, émanant de ses ministères de tutelle ou du groupe lui-même ; la question des perspectives thérapeutiques des vaccins ARN pour le futur est par exemple d’actualité. « Le COVARS est un lieu où la science parle. Au-delà de leur activité première, de telles instances de référence pourront peut-être aider à contrer les fake news et les théories complotistes... »