Anniversaire 2.0 pour l’Institut FEMTO-ST

Publié par Journal en direct, le 15 juillet 2024   280

Né en 2004 du regroupement de plusieurs unités de recherche en sciences pour l’ingénieur, l’Institut FEMTO-ST a grandi jusqu’à devenir l’une des plus importantes unités de recherche françaises du domaine.
Déjà vingt ans ? Seulement vingt ans ? L’anniversaire symboliquement associé à la jeunesse présente bien des accents de maturité chez ce fleuron de la recherche régionale.

Photo ©Ludovic Godard

L’Institut FEMTO-ST fête ses vingt ans ! Vingt ans mis à profit pour agréger différents domaines de recherche autour des sciences pour l’ingénieur et se donner une identité forte, partagée à l’interne autant que visible à l’extérieur. « C’est une belle maison, animée d’une grande dynamique. L’énergie qui s’en dégage est impressionnante », commente le roboticien Michaël Gauthier, qui en prend cette année la direction et salue le travail de ses prédécesseurs, Michel de Labachelerie, Nicolas Chaillet et Laurent Larger. En mécanique, informatique, automatique, micro- et nanosciences, optique, énergie, temps-fréquence, sciences sociales, toutes les disciplines développées au cœur des équipes se complètent pour faire monter la recherche en puissance et répondre aux enjeux de société.

Autant de compétences réunies dans un laboratoire académique, même réputé pour être l’un des plus grands du CNRS en sciences pour l’ingénieur de l’Hexagone avec 700 membres, c’est une réelle particularité. Et un vrai atout, comme Michaël Gauthier l’illustre par des exemples : « La mise au point de systèmes quantiques dits « phononiques » fait appel à des techniques de microfabrication aussi bien qu’à la science de l’acoustique ; l’étude de matériaux biosourcés nécessite des compétences conjointes en mécanique des matériaux, vision par ordinateur et robotique miniature… Nous disposons d’un maximum de compétences pour monter des projets pluridisciplinaires originaux et pertinents ».

De gauche à droite : L. Larger, M. De Labachelerie, N. Chaillet, anciens directeurs de FEMTO-ST, D. Courjon, un des fondateurs de l’institut et M. Gauthier, directeur actuel. Photo ©Ludovic Godard

Le très haut niveau d’équipement des différentes plateformes de FEMTO-ST est en rapport avec ses savoir-faire. Mais si la réputation scientifique de l’Institut est indéniable en France comme à l’international, elle demande sans cesse à être valorisée, notamment pour attirer les quelque 150 postulants au doctorat que FEMTO-ST est amené à recruter chaque année. C’est l’un des objectifs que Michaël Gauthier met en avant avec son équipe : « Aujourd’hui, nous avons atteint notre taille adulte et le fonctionnement de nos équipes est optimal. Nous avons désormais à mettre en avant nos atouts scientifiques et notre qualité de vie au travail, et à renforcer notre engagement en faveur du développement durable, aussi bien dans le choix de nos thématiques de recherche que dans la vie même de l’unité ».

Installé à Besançon et dans le Nord Franche-Comté à Belfort, Montbéliard et Sevenans, l’Institut FEMTO-ST est en prise directe avec le monde économique, de la plus petite structure à la plus grande.

Photo ©Ludovic Godard

Preuve de son dynamisme, ses activités de recherche donnent lieu en moyenne chaque année à la naissance d’une start-up. L’Institut travaille avec les PME locales, que ses équipements et savoir-faire peuvent accompagner dans des domaines pointus, de même qu’avec les grands noms de l’industrie tels que Alstom, Safran, General Electric ou Stellantis. « L’une de nos missions est de produire de la recherche et de la diffuser dans la société au travers d’innovations pour tous les types d’entreprises, mais également sous des formes bien plus variées et étonnantes », relève Michaël Gauthier. Cette volonté se traduit, entre autres, par des collaborations avec le monde de l’art…

Science et art au diapason

Désireux de questionner le monde, de sortir des sentiers battus, la science et l’art ont plus de points communs que le laisseraient supposer leurs caractères respectifs, jugés l’un rationnel et l’autre poétique.
Les deux domaines savent se rencontrer, par exemple grâce à des résidences d’artistes installés au cœur des laboratoires de recherche. L’Institut FEMTO-ST accueille des artistes dans ses murs depuis plus de six ans, et, fait plutôt rare pour un laboratoire de recherche, quatre collaborations l’investissent actuellement en simultané.
« La science est une source d’inspiration pour les artistes, elle nourrit leur propos ; et grâce à la réalisation d’une œuvre, l’art est un moyen de révéler leur propre travail aux scientifiques et de transmettre la connaissance au grand public », explique Lucie Vidal, chargée de projets au service Sciences, arts et culture (SSAC) de l’université de Franche-Comté.
Artiste associée au département d’optique depuis 2018, la photographe Sarah Ritter a par exemple signé une série de clichés inspirés du phénomène ondulatoire provoquant des vagues scélérates dans l’océan, un processus qui a été compris grâce à sa transposition sous forme lumineuse dans des fibres optiques à FEMTO-ST.
Au département Temps-fréquence, le plasticien Guillaume Bertrand réalise une installation mécanique, électronique et optique questionnant le chaos et le temps. Le duo TakT crée des maquettes et des paysages sonores, notamment à partir d’images prises par un microscope à force atomique au département MN2S.

Projet d’éolienne légère autonome, intégrant un électrolyseur et un réservoir d’hydrogène dans son mât, implantée sur une parcelle cultivée pour les besoins énergétiques agricoles. Design Quentin Didierjean

Enfin, Quentin Didierjean met son talent de designer au service du département Énergie, afin de concevoir des représentations qui donnent corps à des avancées scientifiques dans le domaine de l’hydrogène : « Le scientifique et l’artiste ne sont pas à dissocier. Mon objectif est de mettre en forme ce que la recherche produit, pour des usages bien ciblés. »

Quentin Didierjean a rencontré de nombreux chercheurs pour bâtir son projet de design prospectif ; sa réalisation de constructions imaginaires en 3D aide à visualiser et préciser les idées, à s’interroger sur l’ergonomie d’un design, sur l’acceptabilité d’une innovation…
Quentin Didierjean est lauréat de l’appel à candidatures « Un artiste, un labo », lancé par le SSAC de l’uFC, et son projet bénéficie d’un cofinancement Région Bourgogne - Franche-Comté et DRAC, pour la période courant d’octobre 2023 à juin 2024.
Une restitution de son travail est prévue pour les chercheurs et le grand public avant la fin de l’année, sous la forme d’une exposition d’images de synthèse présentant ses réalisations.

Article paru dans le Journal en direct n°313.

Photo début d'article : ©Ludovic Godard