Legacy
Avec Yann Arthus-Bertrand la terre est devenue un éden miraculeux, un univers puissant, multiple et vulnérable qu’il photographie comme personne dans des moments de physiologie intenses à la nature. Confident attentif de la biodiversité, respectueux des cycles naturels, curieux des autres cultures, il a recentré notre idée du monde et dénoncé la fragilité des équilibres écologiques. Sa façon d’écrire notre histoire a récréé un monde commun réintégré dans une communauté ouverte et a fait émerger un nouveau regard des Européens sur eux-mêmes et sur la nécessité de protéger notre planète.
Le rapport à la nature et à l’animalité sauvage est matriciel dans la recherche qu’il a entreprise ; ses affinités avec l’Afrique sont électives et puissantes. Elles sont aussi des années de germination et d’ensemencement : il expérimente différentes positions de parole et de strates de relations aux territoires : photographie aérienne, montgolfière, avion… Ce relationnel aux animaux sauvages sert de révélateur à un état de disponibilité et de connivence à la nature et à autrui qui lui permet d’en prendre le pouls. La photographie devient sa langue des échanges échappant à une tradition disciplinaire pour dire une culture métisse et dynamique qui ouvre dans sa vie un immense chantier.
De retour sur Paris en 1981, il participe étroitement de ce grand mouvement de re-visitation de la photographie au service de magazines spécialisés et du renouvellement des regards et du fort engouement des sociétés occidentales pour la géographie de l’Europe et des ailleurs du monde qu’il met en partage. Machine à faire du nouveau et à décrypter le monde, œuvre d’imagination artistique et témoignage élevé au présent et au futur, sa photographie connaît une véritable assomption avec La Terre vue du ciel (1994, traduit en 27 langues). Yann Arthus-Bertrand entre dans une reconnaissance encore plus large avec fracas en dévoilant entre ciel et terre les beautés de la planète, le règne du vivant, ses rapports à l’entrelac, à la transparence, aux couleurs, aux reflets… dans un travail tendu et exigeant. L’ouvrage devient une figure de notre pensée contemporaine de la terre, tel un autre âge de découvertes. Les sociétés y prennent conscience de leur cécité, de leur aveuglement quant à leur vision de la terre et aux menaces qui pèsent sur celle-ci.
La photographie s’inscrit dans les conquêtes permanentes de sa liberté qui poursuit d’autres projets. Son approche tellurique et sociétale est d’une grande fécondité et l’amène à utiliser de nouveaux médias – le film et l’émission télévisée, Vu du ciel, Home, Terra, Woman, Legacy… – où il communique ses polarités, son sentiment de l’espace, des échanges égalitaires et de la biodiversité… Il est celui qui trouve l’image pour penser la planète et sa protection. Il crée GoodPlanet pour défendre ses idéaux écologiques, protéger notre environnement, lutter contre le réchauffement climatique en compensant également de façon novatrice ses propres consommations carbone et en invitant autrui à faire de même dès 2005 !
Cette exposition retrace ce parcours exceptionnel.