Pour la transformation de conflits dans les mondes agricoles en Bourgogne-Franche-Comté

Publié par Valentine - UBFC, le 17 juillet 2024   43

Les projets de recherche empruntent parfois des chemins de traverse, en tissant des liens avec ceux qui les arpentent et les travaillent. Ici, découvrez une démarche participative entre des chercheurs et des agriculteurs pour la gestion de conflits.

Ces dernières décennies, les questions relatives aux changements climatiques sont devenues de plus en plus prépondérantes, en raison des effets perceptibles au fil des saisons et au quotidien : assèchement et pollution des sols, disparition progressive des insectes pollinisateurs, etc. La gestion et l’utilisation des ressources communes telles que l’eau, la terre et les espèces animalières, sont à l’origine de situations conflictuelles, sur les territoires et entre les différents acteurs qui les habitent.

Dans la perspective de mieux comprendre les ressorts d’une production agricole durable, respectueuse de l’environnement et visant un développement économique équitable, des chercheurs de l’UMR Agroécologie de INRAE-Dijon ont mené une recherche appliquée sur la transformation des conflits : le projet TRANSFORM, qui vise à aider les acteurs du monde agricole à mieux gérer les situations conflictuelles.

L’objectif de ce projet est d’étudier comment une approche de « transformation de conflits » s’articule en pratique. Sur le terrain, il s’agit de comprendre et d’aider les acteurs du monde agricole et institutionnel à identifier les solutions possibles à mettre en œuvre en vue de la résolution de conflits.

Ce projet a consisté en trois études de cas sur des conflits et un début de processus de résolution, via des entretiens[1] et des analyses des réseaux sociaux.

  • La première étude de cas met en exergue les relations entre les institutions et les agriculteurs au travers du conflit lié à la gestion de l’eau sur le territoire d’Auxerre
  • La seconde étude de cas traite des relations de voisinage entre les viticulteurs et les riverains sur le territoire de Mâcon, notamment en ce qui concerne la prévention des effets potentiels de l’utilisation des produits phytosanitaires
  • La troisième étude de cas met en lumière les relations conflictuelles entre les apiculteurs et les agriculteurs liées aux effets potentiels de l’utilisation des produits phytosanitaires sur les abeilles dans le territoire de Besançon

L’approche participative de ce projet a permis aux personnes impliquées de devenir actrices de la résolution des conflits plutôt que de dépendre des décisions et orientations prises par des tiers. Le processus participatif a permis aux acteurs non-scientifiques d’identifier par eux-mêmes des solutions potentielles à chaque conflit. Les agriculteurs peuvent ainsi développer une plus grande confiance dans le processus de résolution et éviter des litiges prolongés qui peuvent nuire à leur entreprise.

Le projet TRANSFORM a été mis en œuvre dans trois territoires distincts, où les acteurs agricoles, de quelque branche qu’ils soient, et institutionnels ont été invités à partager leurs expériences et à s’impliquer dans le processus de résolution des conflits. Les résultats ont été extrêmement positifs, avec une réduction significative des conflits et une amélioration de la qualité des relations entre les différents partenaires sociaux.

Le projet de recherche participatif TRANSFORM démontre que la science et la recherche participative peuvent être une voie satisfaisante pour la résolution des conflits dans « les mondes agricoles ». Par la mobilisation de toutes les parties prenantes, il est possible de développer des solutions durables et adaptées à leurs besoins spécifiques. Parmi les ambitions de ce projet, il s’agit d’instituer une meilleure communication, une plus grande compréhension mutuelle et une plus grande confiance, permettant ainsi aux différents acteurs de travailler ensemble pour assurer une production durable et une prospérité économique, équitables pour tous.

TRANSFORM a été financé par le programme ISITE de l’ANR, géré par l’université de Bourgogne-Franche-Comté et hébergé par l’INRAE-Dijon.

Pour toute question relative aux informations présentes dans cet article, contactez saps@ubfc.fr


[1] Entretiens dits semi-structurés, selon la méthode appelée « community voice method ».