[Hub] Garder la mémoire du génocide rwandais au théâtre et en croisant les regards
Publié par Valentine - UBFC, le 5 avril 2024 350
Le Théâtre des 2 scènes de Besançon a accueilli la semaine dernière un Regards croisés, c’est-à-dire une rencontre entre des comédiens et un.e universitaire, pour échanger avec le public, à la suite de Hate radio, de Milo Rau, un spectacle au ton grave, car centré sur le génocide rwandais de 1994.
Cette séance a permis de rendre hommage aux victimes de ce crime, tant dans le propos de la pièce que par la démarche du Regards croisés. Hate radio reconstitue une émission de la Radio des Mille Collines, média rwandais qui contribua, par ses propos haineux envers les Tutsi et les Hutu modérés, au génocide perpétré dans le pays en 1994. Les comédiens (Bwanga Pilipili, Diogène Ntarindwa, Éric Ngangare et Sébastien Foucault) qui jouent la pièce depuis de nombreuses années et plus de 200 représentations dans le monde, ont eux-mêmes été touchés par les événements. Quant à l’universitaire, il s’agissait de Virginie Brinker, dont les travaux ont porté sur « Le génocide des Tutsi au Rwanda dans les productions littéraires et cinématographiques » et qui, de façon plus large, s’intéresse aux questions liant créations artistiques, médias et identité.
Si cet échange a permis d’éclaircir certains points historiques, il a aussi été un moyen d’aborder le processus d’écriture de la pièce et de composition des rôles, ainsi que l’importance de la création artistique pour garder mémoire. La parole a été donnée au public pour les questions, auxquelles les comédiens ont répondu, en dialogue avec Virginie Brinker. Les riches échanges ont ainsi amené le public à réfléchir sur le rôle des créations, tant celles qui accompagnent le présent (comme alors, la radio) que celles qui font référence à des faits éloignés dans le temps, dans la construction des identités et de la mémoire. Pour que cette dernière porte ses fruits au présent de façon bénéfique, parce que, tel que l’a répété la comédienne, « on ne transige pas avec les crimes contre l’humanité ».
Cette rencontre entre l’équipe de la pièce et Virginie Brinker a été permise par le Hub, un dispositif de mise en contacts avec des scientifiques de Bourgogne-Franche-Comté. Plus d'infos ici , ou en écrivant à saps@ubfc.fr
Sur la photographie, de gauche à droite : Bwanga Pilipili, comédienne, Sébastien Foucault, Afazali Dewaele, Diogène Ntarindwa, comédiens, et Virginie Brinker, chercheuse à l'université de Bourgogne